- Lorsque Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard, les quatre plus grand mages et sorcières de leur époque, se réunirent pour fonder une école destinée aux enfants dotées de pouvoirs magiques, Ils choisirent tout naturellement un endroit à l’abri des regards des non magiciens (moldus) en raison du climat de persécutions de l’époque. D’après des sources historiques, les quatre fondateurs de Poudlard travaillèrent ensembles pendant plusieurs années dans une parfaite harmonie. Ils recherchaient les jeunes gens qui montraient des dons pour la magie et ils les faisaient venir au château pour assurer leurs éducations.
- Maman, qu'est-ce que tu essaie de faire, exactement ?
Elizabeth Cavendish fronça les sourcils, et tourna une autre page de l'histoire de Poudlard, tout en buvant son café distraitement.
- Ma chérie, je vais te laisser partir, toi et ton frère dans une école qui m'est tout à fait inconnue, en écosse qui plus est. J'ai bien le droit de me renseigner un peu, non ?
La mère de Maia était une moldue. Si on lui avait parlé de sorciers, de pouvoirs et d'écoles magiques il y a vingt ans de cela, elle aurait rit au nez de son interlocuteur. Mais Elizabeth ne se contentait pas d'être une moldue, elle était également mariée à Tom Cavendish, un homme charmant qui avait eu la bonne idée de lui révéler certaines choses après leur mariage. Elle aurait pu fuir, mais Lizzie était une femme courageuse, ce n'est pas des contes de fées qui allaient la faire fuir.
Bien sûr, la jeune femme ne mit pas très longtemps à réaliser que la communauté sorcière n'avait pas l'innocence d'un conte pour enfant. La rencontre avec la famille de son époux fut difficile. C'était la première fois qu'elle était victime de discrimination pour ce qu'elle était. La famille Cavendish n'avait pourtant pas le privilège de se dire sang-pur, mais cela n'enlevait rien à leur fierté et leur ambition. Si les parents de son mari avaient été compréhensifs et accueillants – Mr Cavendish père ayant lui même fait un mariage particulier, au plus grand malheur de ses propres géniteurs – beaucoup de tantes, d'oncles, d'aieux se montrèrent hautains et dédaigneux.
- Salazar Serpentard était vraiment un homme étrange, grimaça Lizzie.
Maia haussa les épaules et souffla sur une de ses mèches brunes qui se baladait sur son visage. Maia était jolie, avec ses grands yeux bleus et son teint clair. Elle tenait sa beauté de sa grand-mère, laquelle était une vélane. La jeune fille attirait souvent les regards, ce qui avait pour effet de rendre ses frères assez protecteurs.
Et des frères, elle en avait !
- Maman, les jumeaux sont allés à Poudlard avant moi. Et puis je n'y vais pas toute seule, tu sais qu'il y aura Luke. Si tu as une question à propos de l'école, tu n'as qu'à demander à papa, il a fait sa scolarité là-bas.
- Comme si je faisais confiance à ton père ! La dernière fois que je lui ai proposé de vous faire pratiquer des activités sportives, il t'a mis sur un balais avec une batte dans les mains.
- Hé, ne t'en prends pas au Quidditch s'il te plaît !
Maia avait beau avoir du sang de vélane dans les veines, elle oubliait tout à propos de la grâce féminine lorsqu'elle montait sur un balais. C'était sans doute le fait d'avoir grandit entourée de cinq garçons qui lui conférait un côté garçon manqué indéniable. Encore que la batte, elle avait laissé tomber – la jeune fille préférait largement le poste de poursuiveuse, laissant à ses frères aînés le soin de taper sur les cognards.
- Bee, dépêche toi, on va être en retard, intervint son jumeau, Luke, d'une voix étouffée par le morceau de brioche qui avait dans la bouche.
La brune leva les yeux au ciel à l'entente du surnom, mais un sourire vint se poser sur ses lèvres. Son deuxième prénom commençait par un B, et si vous avez déjà entendu parler de Maya l'abeille, vous comprendrez l'origine.
- Je pense qu'elle ira à Serpentard, lança Andrew, l'un des jumeaux, ce qui eut pour effet de faire s'étouffer Luke.
- Quoi ! Tu rigoles ?
- En fait, je m'en fiche un peu, du moment que je me retrouve pas à Serdaigle, entourée de premiers de classe. Et que je suis avec Luke, ajouta-t-elle sur un ton inquiet.
Elle avait toujours eu une relation privilégiée avec son frère jumeau, et n'aurait pas supporté qu'ils soient séparés une fois à Poudlard.
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C'était les vacances d'été. Le père de Maia avait déniché des places pour assister à la coupe du monde de Quidditch. Au dernier moment, elle était tombée malade. Ils avaient voulu tout annuler, mais la jeune fille les en avait empêchés : « Non non, allez-y, c'est pas grave. Vous me raconterez ! ».
Maia était toute seule à la maison, sa mère travaillait. Elle avait prévu de passer la soirée devant la cheminée, avec un chocolat chaud et des cookies, lorsqu'elle entendit des bruits étranges à l'extérieur. Les Cavendish ne recevaient pas beaucoup de visites, et lorsque c'était le cas, les visiteurs en question étaient attendus.
Maia eu un sursaut lorsque la porte explosa, et il ne lui en fallait pas plus pour qu'elle saute du canapé et coure vers le sous-sol. Elle s'enferma dans la cave et se cacha dans l'obscurité. Elle entendait le plafond craquer, les rires résonner à l'étage, puis parfois, un vacarme gigantesque. Elle se recroquevilla en sentant la poussière tomber sur son crâne. Le noir lui semblait menaçant, agressif, comme s'il n'attendait qu'une chose : se jeter sur elle. Elle aurait voulu disparaître. Il lui semblait que le bruit n'en finissait jamais.
Maia finit par s'endormir. Perdre conscience pour un moment lui semblait la meilleure solution, tout en espérant qu'on ne viendrait pas la chercher ici.
Ce fut lorsque la porte grinça qu'elle s'éveilla brusquement. Les pensées se bousculèrent dans son cerveau paniqué, mais bientôt, elle reconnu la voix de son frère. Il semblait fou d'inquiétude. Elle aurait voulu se jeter dans ses bras, mais la peur la paralysait encore, et elle avait l'impression de ne plus pouvoir bouger un muscle tant que la lumière ne se rallumerait pas. Avec l'aide de Luke, elle put enfin se relever, et retrouver le reste de sa famille à l'étage. La maison était dévastée. Les meubles avaient étés retournés, les vitres brisés. Une inscription en lettres écarlates recouvrait l'un des murs. « Traîtres ». Maia ne put s'empêcher de se dire que s'ils n'étaient pas venues lui faire du mal, c'était bien un avertissement qu'ils envoyaient.
Et depuis ce jour, elle ne parvint plus à s'endormir dans le noir complet.
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- C'est une lettre de votre tante, déclara Tom.
Il décacheta l'enveloppe, faisant sauter le blason de cire qui atterrit dans le verre de Thomas. Sans un regard pour le hibou indigné, le patriarche s'enquit de lire la missive, une ride soucieuse au milieu du front.
- Elle souhaite voir les enfants.
- Vraiment ? Après toutes ces années à nous ignorer ? S'étonna sa femme.
- Pas question que j'aille chez cette sale snob, cracha William, le petit dernier de la fratrie.
- En fait, elle ne souhaite rencontrer que Maia.
Le silence se fit à la table. La concernée se redressa, tendant la main pour examiner la lettre elle-même.
- Mais… pourquoi ? Demanda Luke, décontenancé.
Le regard de Tom se fit dur en pensant à sa sœur. Il croisa les bras et secoua la tête.
- J'ai peur de comprendre pourquoi. Écoute, Bee, si tu ne veux pas y aller…
- Non, en fait, ça m'intéresse. Je suis curieuse. Et puis, je suppose que si elle veut renouer des liens, ça ne peut pas être totalement une mauvaise chose, non ?
Il fut donc décidé que Maia se rendrait chez sa tante dans l'après-midi. C'était la première fois qu'elle se rendait dans le vieux manoir Cavendish, et la nervosité lui jouait des tours. Elle avait pour l'occasion revêtu une jolie robe, histoire de ne pas froisser son hôte (on sait à quel point les femmes sont susceptibles, et les riche encore plus). La rencontre en question fut… étrange. Sa tante disposait d'un charisme étonnant, et d'une grande beauté. Elle tenait cette dernière qualité de son sang de vélane, ce qui la rendait étrangement proche de Maia – du moins physiquement. Ses yeux de glace la fixaient avec une insistante malsaine, cependant, si l'on en crut le léger sourire pincé qui se déposa sur ses lèvres, elle fut satisfaite de ce qu'elle vit.
- Bien, au moins, voilà une jolie demoiselle que je n'aurais pas honte d’appeler ma nièce.
Maia fut offensée par ces mots, mais elle n'en montra rien. Et Luke ? Andrew, Thomas, William ? Il ne méritaient pas cette appellation, eux ?
On leur apporta le thé. La brunette fut agacée par les attitudes précieuses de la Cavendish. Si Maia avait appris les bonnes manières, il ne lui viendrait pas à l'idée de se comporter comme une snob. Mais une fois encore, elle ne voulait pas se montrer irrespectueuse envers une femme presque inconnue qui ne partagerait sa compagnie qu'une heure ou deux.
Elle pria alors pour que l'entrevue ne dure pas trop longtemps.
- A présent, passons aux choses sérieuses
Les choses sérieuses ?
- Quel âge cela vous fait-il ?
Merci de se tenir au courant, tata.
- Seize ans, madame.
- Bien ! C'est idéal ! Vos notes sont elles bonnes, à Poudlard ?
- Je… Je me débrouille assez bien dans la plupart des matières.
Elle passa sous silence la catastrophe que constituait pour elle la métamorphose, et évita également de se prononcer sur la divination. Elle doutait que ce n'était pas ce que sa tante voulait entendre.
- Mais dites-moi, dans quelle maison êtes vous répartie ?
Cet interrogatoire commençait à agacer profondément Maia, mais elle se tint tranquille et fint un sourire. Ce n'était que des banalités. Que des banalités.
- En fait, je suis à Poufsouffle.
La moue méprisante de la Cavendish n'échappa pas à la jeune fille. Elle se sentie gênée, mais aussi outrée que sa maison adorée soit considérée de cette façon par une reine des glaces détestable. Elle avait envie de partir. Maintenant.
Elle n'en fit rien.
- Eh bien, je suppose que cela vaux toujours mieux que ces impertinents de Gryffondor… lâcha t-elle avant de reprendre une gorgée de thé.
- Madame, sans vouloir être impolie (en fait elle le voulait fortement), à quoi rime toutes ces questions ? Et cette entrevue, en général ? Pourquoi me voir moi et pas mes frères ?
Sa tante sembla agacée par la question.
- Par les temps qui courent, on sait déjà qu'il n'est pas prudent de clâmer son sang impur, ou d'avoir des fréquentations douteuses. Ceux qui le font ne sont pas bien vu – ce n'est pas un secret. Moi qui ne peut pas me vanter de ma naissance, j'ai toujours su en tirer les avantages et faire les choses comme il le faut. Je me suis toujours débrouillée pour qu'on me voit comme une sorcière magnifique plutôt que comme une répugnante créature magique. Mais épouser une moldue ! A quoi donc mon frère pensait-il ? C'est littéralement tendre le bâton pour se faire battre ! Je l'ai pourtant prévenu, et il m'a répondu que mon ambition m'aveuglait. Ils nous traiteront de traître, je lui ai dit, et les Cavendish seront connus, moqués, pour s'accoupler avec des vermines !
Elle semblait hors de ses gonds. Maia n'osait pas dire un mot, bien que le discours de sa tante la dégoûte. Des vermines ? Elle insultait sa mère, et pire encore, elle insultait son héritage !
- Mais il serait stupide de croire que je manque de ressources. Je ferais ce qu'il faut pour que les Cavendish deviennent une famille respectée, peu importe combien de réseau relationnel je devrais tisser, à combien de gala je devrais entrer sans invitation, et peu importe combien de mariages je devrais organiser !
- Vous comptez vous marier ? Interrogea Maia avant de porter sa tasse à ses lèvres.
- Ah, ma chère, j'ai beau être épargnée par les marques du temps, mon âge n'en est pas moins passé. Non, je ne parle pas de moi, mais de vous !
La brunette faillit s'étouffer, et recracha son thé afin de sauver sa vie.
- Je vous demande pardon ?
- Voyons, c'est ridicule, ce ne sont pas des manières !
- VOUS AVEZ L'INTENTION DE ME MARIER ?
- Il n'y a pas meilleur moyen pour s'intégrer dans la communauté que forme les sang-purs. Encore que, pour trouver un prétendant à une jeune fille au sang inférieur, cela s'avère un peu compliqué mais...
- J'ai seize ans ! Je suis encore à l'école !
- C'est l'âge auquel tout se décide chez les sang-purs, mais ça, je me doute que votre moldue de mère n'a pas pu vous l'apprendre.
- Je ne veux pas de cette communauté. Je ne veux pas vous entendre parler de ma mère comme ça, et plus que tout, je ne veux pas de votre ambition.
- Ma chérie, l'ambition assure l'avenir, mais également la sécurité. Combien de temps avant que votre maison soit vandalisée à nouveau ? Oui, j'ai eu vent de cette affaire. Pensez vous vraiment qu'ils ne briseront que des meubles la prochaine fois ?
- Je refuse de me plier à vos manigances.
- Vous accepterez lorsque vous vous rendrez compte que c'est la meilleure des solutions. J'ai été à Serpentard. J'ai appris la manipulation, la ruse, j'ai appris que tout les moyens étaient bons pour arriver à ses fins. J'ai appris qu'une femme, si elle était aussi belle qu'intelligente, pouvait obtenir tout ce qu'elle voulait. Mes ancêtres moldus m'ont peut-être offert un sang-impur, mais je sais également que ma vélane de mère y a glissé un don. Ce don, vous le possédez aussi. En travaillant ensemble, nous sommes capables gravir les échelons, Maia.
Maia sentait la migraine commencer à poindre. Cette femme était folle. La jeune fille connaissait la politique des sang-purs en ce qui concernait le mariage arrangé, mais sa famille ne s'était jamais pliée à cette pratique moyenâgeuse, du moins pas les quelques saint d'esprits. Il n'était pas question qu'elle se prête à cette mascarade afin d’accéder à « une communauté » qui la méprisait pour ce qu'elle était. Elle avait sa fierté. Maia préférait être reine parmi la « vermine » plutôt qu'être la vermine des rois. Elle ne voulait pas vivre la vie rêvée de sa tante. Elle voulait vivre la sienne.
- Vous pouvez garder vos rêves de gloire.
+++
- Tu sais Luke..
Ils étaient roulés en boule sur le sol, emmitouflés dans des duvets, et s'éclairaient avec leur lampe de poche, comme lorsqu'ils avaient cinq ans. Elle avait sa tête sur son épaule et lui tenait une assiette de cookie sur ses genoux.
- Je suis pas très courageuse. Ni très sûre de ce que je serais plus tard. Des fois, j'ai l'impression qu'on ne va pas vieillir et rester au château pour toujours. J'aimerais bien, tu sais ? Pourtant, il nous reste plus beaucoup de temps. J'ai peur de fermer les yeux aussi, parce que le noir c'est effrayant. Mais j'ai encore plus peur de les rouvrir et de découvrir le monde changé.
- Maia, arrête d'avoir peur. Des fois tu dois juste oublier de réfléchir et vivre comme tu en as envie. Les gens deviennent dingue, c'est pas nouveau. Et la guerre, c'est pas un concept moderne. Tant qu'on sera ensemble, je te laisserais pas perdre la tête, tu sais ?
- Je sais.
Maia lui vola un morceau de cookie, et tripota sa lampe de torche, songeuse. Les années à venir s'annonçaient très sombres et ce n'était pas un secret qu'elle avait toujours eu du mal avec l'obscurité. Mais elle avait l'amour. Elle pouvait très bien s'en servir pour rallumer la lumière.