On dit beaucoup qu'il n'y a que vers une seule personne envers qui un Homme peut se tourner dans les coups durs, c'est uniquement vers sa mère car elle sera toujours là pour vous aider à vous relever, pour vous aider à faire face à tous vos problèmes de sortes à ce que vous en ressortiez grandi. Mais le jour où cette dernière est menacée de vous être enlevé, alors il n'y a plus de repère. On ne sait plus où l'on a mal, on en veut à la terre entière, et l'on ne souhaite qu'une chose à ce dernier : Qu'il brûle.
Kamal veut dire perfection en arabe. Et si sa mère lui a donné un nom arabe est un pur mystère pour lui étant donné que son père l'a abandonné avant même qu'elle n'accouche. Mais sa mère n'en voulait pas à son père. Elle disait qu'il avait ses raisons, et qu'il devrait probablement pas lui en vouloir non plus. Qu'il devrait être fier, et que tout ce qu'il pourrait avoir de lui, pour le moment, c'était de ce prénom qu'il aurait aimé lui donné, et de son nom de famille. Kamal ne pouvait s'empêcher de grandir avec cette haine cuisante d'avoir été laissé de côté par un père qui aurait du, dans l'ordre normal des choses, être là pour lui. Et voir l'expression béate que prenait sa mère, même sur son lit de mort, à l'énonciation de ce
père renchérissait un peu plus cette colère pour son géniteur.
Kamal était un jeune anglais, certes, pas de pur souche, comme on n'avait cessé de le lui rappeler tout au long de sa courte existence. Et que c'était probablement à cause de cela, qu'il ne percerait jamais dans l'art. Toutes les écoles qu'il avait voulu faire lui avaient apporté cette argument comme s'il s'agissait d'une raison inéluctable, et qu'il était né de la mauvaise couleur de peau. Cette révolte, cette colère qu'il avait en lui, il ne pouvait que l'exprimer dans ces peintures, et se voir refuser ainsi les portes des grandes écoles, qu'elles soient magiques ou non, le rendait aigri. Comme il aimait le dire :
Moi, Kamal, 23ans, aigri de la vie.Sa mère ? C'était la plus belle de toutes. Même là, allongée dans ce lit d'hôpital, elle restait la femme la plus magnifique qu'il eut connu. Elle avait de long cheveux blonds, et un beau regard azuré. Elle avait cette petite faucette sur le coin de la joue que Kamal adorait voir. Elle était sa première fan, et ne cessait de l'encourager dans sa voie. De tout petit, elle lui avait montré l'amour, elle lui avait montré comment sourire, et à avancer par lui-même, de ne jamais attendre auprès des autres, même de sa
propre famille. Oui, car toute sa famille ou presque, lui avait tourné le dos. Comment pouvait-elle élevé ce bâtard d'arabe quand on faisait parti de l'une des familles les plus nobles d'Angleterre qui soit ?
Elle ne lui parla que très peu de sa famille, ne lui parlant uniquement que de son cousin Alaric. Le seul, qui, à ce jour, ait pu représenté le référent masculin auprès de Kamal. Il venait toujours avec des cadeaux, et lorsque ce n'était pas des cadeaux, c'était de l'argent pour Maman, ou pour les affaires de Kamal. Même là, à côté d'elle et de Kamal, il était le seul à être venu la voir mourir. Il n'avait pas souhaité amené ses enfants, bien qu'ils adoraient leur tantine. Pour Kamal, il allait devenir l'unique personne de sa vie. La plus importante qui soit, dans l'existence la plus triste et solitaire qui s'annonçait pour le jeune Kamal.
Elle dormait. Elle était paisible. Kamal pleurait silencieusement, tandis qu'Alaric tenait la main de sa cousine en faisant la lecture du quotidien de la journée. A un moment, Kamal ne saurait dire ce qu'il eut entendu, mais ça le fit rire, et il éclata de rire. Alaric ne put s'empêcher de rire à son tour, et au bout d'un moment, lorsqu'ils arrêtèrent de rire, ils se mirent tout deux à pleurer. Alaric s'était alors levé pour prendre son neveu dans ses bras. C'était à ce moment-là que sa mère, Elizabeth, se réveilla pour leur dire :
«
Arrêtez donc tout ce cinéma, je n'arrive pas à me reposer. »
Ils se lâchèrent immédiatement. Elle fit un clin d'oeil à son cousin avant de regarder son fils. Avec difficulté, elle lui prit la main, et elle lui dit : «
Il va te falloir prendre cette petite clé que j'ai autour du cou, mon chéri. » Kamal la regarda avec une curiosité à peine voilé. Il lui enleva délicatement le collier pour regarder cette clé d'argent. Il ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Elle lui avait toujours dit qu'elle n'ouvrait rien, sinon la liberté, la joie et la richesse. Il avait toujours vu en ça un symbole sur lequel sa mère se raccrochait et sur lequel il devait alors se raccrocher. «
Ton oncle Alaric va te mener au coffre quand il sera l'heure. »
Elle sourit, mais Kamal sentit une larme lui coulait le long de sa peau doré, alors que son ventre se serrait fortement. Alaric lui serra l'épaule. «
Je t'aime plus que tout, mon chéri. Garde la tête haute, et fais-moi plaisir... Va au bout de tes rêves... » Elle soupira, avant de fermer doucement les yeux. Kamal se pencha aussitôt sur elle. «
J'ai besoin de dormir sombre idiot ! Laisse-moi profiter des rayons du soleil ! » Kamal éclata de rire, avant d'embrasser le front de sa mère. Lorsqu'il se rassit, le moniteur cérébrale de sa mère émit un long signal sonore. Les infirmières accoururent, et Kamal se mit à crier de douleur, à pleurer tout ce qu'il savait. Alaric le saisit fortement pour laisser aux infirmières la place de faire leur travail, mais ce fut très compliqué pour lui aussi.
Kamal devait cessé d'être heureux ce jour-là, un 27 Mai à 15h 12.
(...)
Poudlard avait toujours fait parti de ses souvenirs les plus intenses, et les plus mémorables. Non pas qu'il n'en est pas eut d'aussi fort avec sa feu mère, loin de là. Mais, c'était là-bas, qu'il avait senti, pour la première fois, cette immense bonheur que procurer ce puissant sentiment de liberté que l'on vous accorde dès que vous vous éloignez des jupons de votre mère. Kamal avait été un fier Gryffondor, et jamais Godric, fondateur de cette si noble et chevaleresque maison, n'aurait eut à rougir de honte quant à ses actes. Il agissait toujours avec bravoure, et ne supportait pas l'injustice que les Serpentard prenaient un malin plaisir à orchestrer dans les couloirs du château, lorsque les professeurs avaient le dos tourné.
Mais jamais rien de ce tout ce qu'il avait vécu ne l'avait préparé à cette mort si brutale de la personne qui se trouvait être le pilier même de toute son existence. Tous les sacrifices qu'elle avait du faire pour le voir grandir dans un confort, bien que précaire, plus qu'acceptable. Elle lui avait donné tout l'amour qu'il n'avait jamais eut de la part d'un père, pourtant si idyllique dans les yeux de sa mère. Se la voir retirer lui donnait des envies de foutre le feu à la Terre entière, de tous les voir crever, ces putains de misérables, mais surtout de les voir souffrir autant qu'il n'avait souffert, et qu'il ne souffrirait de toute sa vie.
Il était né dans la mauvaise partie du globe. Et revenir sur les Terres de ses aïeux paternelles n'était pas une option possible. D'une part, parce qu'il ne savait pas qui il était, ni même si il était encore en vie. D'autre part, parce qu'il ne serait probablement jamais considéré comme un saoudien, du fait de sa naissance de bâtard. L'ironie de la vie : En Angleterre, vous êtes le bâtard arabe d'une mère pourtant d'ascendance noble. Mais c'était très mal vu et elle a voulu le garder, au lieu de se faire avorter dans le plus grand des secrets. Avec sa ganache, il était toujours considéré comme un putain d'étranger. Au dehors, dans son pays d'origine, c'était la même chose. On le voyait et on le verrait toujours comme un anglais. D'autant plus qu'il ne parlait que très peu l'arabe, et que c'était sa mère qui le lui avait apprit. Alors autant vous dire que ses connaissances en matière d'arabe frôlait le niveau zero.
Alaric finit par garer la voiture, à quelques centaines de kilomètres de Londres, devant un immense portail en fer forgé. Il avait conduit toute la journée pour se retrouver devant cette immense bâtisse que trop bien entretenu. Pourtant, comme Alaric lui expliquait, personne ne venait y vivre. Elle était considérée comme une demeure de vacances pour la famille, et seuls les jardiniers et bonnes habitaient en ses lieux pour veiller à ce que le manoir soit toujours présentable au cas où il faudrait y séjourner dans l'urgence. Même Alaric semblait fatigué et écœuré de cela. Le portail finit par s'ouvrir, et il passa la deuxième, pour finalement l'arrêter dans la cour près de cette immense fontaine d'un cheval cabrant, avec un chevalier d'une autre époque sur sa selle.
Un majordome vint à leur rencontre. On ouvrit à Alaric, puis à Kamal qui mit cinq bonnes minutes à sortir de la voiture, visiblement sous le choc qu'on lui prête cette attention. Le majordome lui fit un clin d’œil, lui faisant alors comprendre qui il était et qu'il s'en fichait bien évidemment. Kamal ne put s'empêcher de lui sourire, et il sortit à son tour de la voiture. On leur prit les maigres affaires qu'ils avaient mené avec eux, puis ils montèrent les quelques marches, avant d'entrer dans l'immense manoir.
Pour Kamal, c'était une grande première. Et bizarrement, jamais un lieu ne l'avait autant inspiré que celui-là. Alaric lui dit : «
Ta mère l'adorait. Je n'ai jamais compris pourquoi ils ne lui ont pas donné au lieu de la deshériter comme une malpropre sous prétexte qu'elle était folle amoureuse de Barak. » Kamal retourna son visage vers Alaric à la vitesse de la lumière. Il lui fit un clin d’œil, en lui faisant signe de le suivre. «
Ta mère est partie, maintenant. Son secret n'est plus à garder, n'est-ce pas ? » Kamal ne put s'empêcher de sourire, avant de détourner le visage en repensant à sa mère. Putain, une journée déjà, et il en souffrait toujours autant.
Ils montèrent l'escalier, tandis qu'Alaric disait : «
Tu visiteras plus tard. Je veux voir ce qu'il y a dans ce coffre, moi aussi ! Ta mère ne voulait pas me le dire, mais j'ai toujours pensé qu'il s'agissait de ton père. Ils s'aimaient vraiment, tu ne peux même pas imaginer à quel point. Il la regardait d'une telle façon que beaucoup de femmes de notre famille étaient jalouses de voir qu'elles ne seraient probablement jamais autant désirées de la sorte. » Kamal pressa le pas. Alaric eut un petit rire, comprenant bien évidemment ce besoin que le petit ressentait devant tant de découverte.
Alaric finit par pousser une porte, et ils entrèrent dans ce qui semblait être la chambre de sa mère lorsqu'elle venait ici. Il y avait des photos d'elle, et de gens que Kamal ne connaissait pas. Alaric les lui présenta brièvement, avant de lui montrer un coffre en argent sur un petit guéridon. Kamal fourra la main dans sa poche de pantalon tandis qu'Alaric le prenait pour aller s'asseoir sur le lit. Kamal vint s'asseoir à côté de lui, lui donnant la clé. Mais Alaric refusa. «
C'est à toi de le faire, mon petit, et d'ailleurs, si tu souhaites que je quitte la pièce avant que tu ne l'ouvres, n'hésite pas à me le dire, j'attendrais dans le salon en bas. »
Kamal ne dit rien, mais Alaric vit qu'il était ému d'un tel geste. Mais l'ex-Gryffondor posa sa main sur la jambe de son oncle, lui intimant silencieusement de rester. Il remit le coffre dans les mains d'Alaric puis, entra la clé dans la serrure et la déverrouilla.
Lorsque Alaric ouvrit le couvercle, l'odeur qui s'en échappa les transporta très vite au Moyen-Orient. C'était un pur délice d'agrumes, de miel et de chaleur. A l'intérieur, il y avait plein de gri-gris, et une vingtaine de lettres toutes ouvertes. Kamal les saisit, et vit qu'elles étaient toutes adressées à sa mère. Il en tourna une, et vit écrit, en lettres parfaitement bien calligraphiés le nom de son père :
Cheikh Barak Abd Al'Qadir.
Kamal effleura le nom de son père, avant de prendre toutes les lettres et de les reposer à côté de lui. «
Elles étaient destinées à Maman. Je préfère attendre qu'elle soit enterrée pour. » Alaric hocha de la tête, comprenant et acceptant la volonté de son neveu. Kamal continua de farfouiller à l'intérieur, trouvant une belle montre en or, et tout un tas de trucs dont il ne connaissait pas l'utilité. Il y avait plein de bijoux, et une petite clé en Or. Il la souleva pour mieux la regarder avant de la remettre dans la boîte. Il farfouilla dix bonnes minutes, regardant tout ce qu'il y avait à l'intérieur, avant de voir une lettre qui lui était destinée. Son coeur rata un battement. Il leva le regard vers son oncle, puis, comme paniqué à l'idée d'avoir un
échange avec son père, il rangea tout pour refermer la boîte à clé.
Alaric le regarda cinq bonnes minutes, avant de finalement le prendre dans ses bras. Kamal ne tarda pas à éclater en sanglot, et à pleurer toutes les larmes de son corps. Il finit par s'endormir, et Alaric l'allongea doucement sans prendre la peine de le déshabiller. Il avait bien mérité de se reposer un peu. Il tira les lourds rideaux avant de sortir de la chambre, puis il éteignit la lumière pour ne plus voir Kamal, jusqu'au lendemain matin six heures.