hadrien ≈ he is young, he's afraid

Baguette : vingt-deux centimètres, bois de sycomore et ventricule de dragon. Hadrien ne sait plus si c’est la trentième ou quarantième qu’Ollivanders lui ait proposé, il ne se souvient que de sa panique devant toutes celles qu’il a essayé sans résultat et du bonheur ressenti lorsque celle-ci a atterri entre ses mains. Du bonheur, du soulagement aussi parce que l’idée qu’il ne soit peut-être pas un vrai sorcier lui est passé par la tête ce jour-là. Il ne l’a plus quittée, jamais, même au cours de ses quelques vagabondages nocturnes à Poudlard ou chez lui. Enfouie sous son oreiller à quelques millimètres de sa main, la nuit, elle passe le reste du temps dans les diverses poches qu’il a lui-même cousu à l’intérieur de ses vestes et gilets au fil des années. Aphrodite riait beaucoup chaque fois qu’elle le surprenait, fil et aiguille en main, penché sur ses fringues, sa baguette coincée entre ses genoux et à la réflexion, oui, il en convient, l’image devait être drôle mais il ne regrette pas les heures perdues à s’escrimer à faire rentrer un stupide fil dans la boucle d’une aiguille, ni les piqûres à répétition. Il s’est amélioré, avec le temps, et il n’a ainsi jamais égaré sa baguette. Est-ce seulement possible, pour un sorcier ?

Miroir du Riséd : c’est une image un peu perturbante pour Hadrien qu’afficherait le miroir du Riséd s’il se trouvait devant. Achille, Aphrodite, leurs enfants et leurs parents, le reste de la famille, souriant, lui souriant, voilà ce qu’il y verrait. Une famille unie, une famille heureuse, une famille dans laquelle il aurait sa place. Ils l’aiment pourtant, tous à leur manière, mais Hadrien n’est toujours pas à l’aise. Il sent le poids du regard de son oncle chaque fois qu’il lui rend visite et l’once de pitié dans le sourire jovial de sa tante. C’est irrationnel et complètement fou, il s’en rend bien compte chaque fois qu’il formule ses craintes à voix haute, mais il n’a pas sa place parmi les siens, pas vraiment. Sauf, peut-être, lorsqu’Achille pose les yeux sur lui, comme pour le rassurer. C’est la sensation brève qui le secoue alors qu’Hadrien désire par-dessus tout, qu’elle dure encore et ne parte jamais.

Épouvantard : il y a fait face une fois et il a bien cru qu’il ne passerait jamais outre la honte d’avoir vu apparaître son propre frère. Pas l’Achille qu’il a toujours connu, non, bien que son épouvantard en ait les traits. Une version plus sombre de son frère, plus impérieuse encore que l’original, tranchante et haineuse. Une version qui le rejette, nie tout lien de parenté et maudit son nom. Un Achille qui a hanté ses nuits et ses moments d’inertie durant des semaines. Il a réalisé, à cette époque-là, à quel point l’opinion de son aîné comptait pour lui, combien leur relation avait de l’importance à ses yeux.

Amortentia : il y a l’odeur du tabac frais, mélangé à une touche fruitée qui n’est pas sans évoquer les draps de son dortoir, à l’époque où il était à Poudlard. C’est une odeur qu’il a toujours associé aux premières fois et à la solitude. Elle n’est pas spécialement désagréable mais elle a le goût de l’amertume. Il y a aussi l’odeur du feu, celui qu’on allume en hiver et dont on ne peut détacher son regard. Ça fait partie de son enfance, il en a passé des heures à se rêver aventurier, héros de guerre et grand sorcier devant la grande cheminée du salon. La fumée imprégnait ses vêtements et l’odeur âcre restait longtemps, agaçant sa tante et arrachant à sa soeur une moue presque hautaine, parce qu’elle était déjà trop âgée pour s’abandonner à de tels jeux. Reste l’odeur d’une tarte aux noix, là encore, vestige de son enfance. Elle emplit ses narines, chaude et sucrée, l’appelant à céder à la tentation. Du haut de ses six ans, il imaginait pouvoir y planter un doigt sans que ça se remarque puisqu’après tout, c’était sa tarte, son anniversaire, mais c’était sans compter sur la dextérité de sa tante. Il a oublié, depuis, la douleur de la spatule fouettant sa main mais il se souvient encore avec une précision affolante de cette tarte et de son odeur. Elle le suit encore.

Compétences magiques

Duels : 4/10
Potions : 5/10
Métamorphose : 5/10
Sortilèges : 6/10
Légilimancie : 3/10
Occlumancie : 2/10
Quidditch : 8/10
Divination : 7/10  

Des jours, non, des semaines qu’il se répétait que tout irait au mieux, qu’il s’en sortirait. Après tout, il avait travaillé comme un forcené. Il avait englouti bouquin après bouquin jusqu'à ce que les lignes dansent devant ses yeux, il s’était astreint à relire religieusement toutes les notes qu’il avait prise au cours des deux dernières années et bêtement, il s’était mis à croire que oui, ça irait, qu’il réussirait à obtenir ses ASPIC malgré toutes les difficultés qu’il avait pu avoir. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Il lui manquait une bonne partie de la plupart de ses cours et trop fier — ou trop con, tout était question de point de vue — pour demander de l’aide, il s’était dit que ça ferait quand même l’affaire, que se répéter inlassablement qu’il allait y arriver le sauverait. Il était trop tard pour regretter à présent mais Merlin qu’il aurait aimé avoir plus de temps pour lire et relire, essayer de faire rentrer ces dates dans son crâne. Qui avait besoin de se souvenir de l’Histoire de la Magie de toute manière ? Oh, well, lui apparemment mais il n’était pas foutu d’enregistrer trois dates et leurs significations. Ses doigts, agités par la nervosité, se resserrèrent violemment sur la plume qui craqua légèrement. Le bruit lui sembla assourdissant dans le silence de la Grande Salle. Hadrien jeta un bref coup d’œil autour de lui. Tous ses camarades, même Hoyt Smith, étaient penchés sur leurs copies. Il déglutit avec difficultés, sa gorge sèche refusant presque de suivre le mouvement. Damn. Ce n’était que la première épreuve, comment allait-il s’en sortir s’il ne parvenait pas à commencer celle-ci ? Il pouvait presque voir le regard désapprobateur d’Achille, le sourire compatissant d’Aphrodite. Sa mâchoire se crispa. Il fallait qu’il réussisse, il n’avait pas le choix.

C’est presque en courant qu’il quitta la Grande Salle, les joues rouges et les poings serrés. Le parchemin avait pesé si lourd dans sa main lorsqu’il l’avait soulevé pour le lire une dernière fois. Ce n’était pas assez bien construit, il n’y avait ni fond ni forme mais il n’avait pas eu d’autre choix que de rendre son travail. Il avait essayé pourtant, Merlin qu’il avait essayé. Mais ce n’était pas assez, ce n’était jamais assez. « Ça va pas Knight ? » lança Hoyt Smith, hilare, lorsqu’il passa la porte. Hadrien lui jeta un regard noir mais ne trouva rien à répliquer. Ses yeux brûlaient soudain et il tourna les talons à la hâte, apercevant du coin de l’oeil Alexander et quelques autres qui sortaient à leur tour. Il ne craquerait pas, pas ici. « Ben alors, t’as perdu ta langue ? » demanda Smith, tandis qu’un bras s’abattait lourdement sur ses épaules. « Dégage » cracha-t-il, avec tant de force que l’autre s’exécuta presque. Mais c’était trop en attendre que d’espérer qu’Hoyt lâche l’affaire sans s’amuser un peu avant. « Qu’est-ce qu’il y a princesse, t’as encore raté ton exam ? C’est pas grave tu sais, je suis sûr qu’avec de bons arguments, tu peux convaincre le correcteur d’être gentil. Paraît que t’es plutôt doué avec ta bouche d’après ce qu’on raconte, Collins a bien apprécié la p- » Son poing partit tout seul, presque animé par sa propre volonté. Il savait ce qu’on racontait sur lui. Il regrettait aujourd'hui infiniment d’avoir plaisanté là-dessus dans la Salle Commune, aux vus et sus de tous. Cette pauvre blague avait pris des proportions qu’il avait été loin d’imaginer au moment où les mots sortaient de sa bouche mais c’était la seule explication logique aux sous-entendus qu’il avait capté, ici et là. Sauf si Alexander avait… non. Il était ivre le soir où c’était arrivé et il était clair que l’alcool lui avait donné un courage que la sobriété ne lui accordait pas. Il n’avait rien dit et s’appliquait probablement à ne plus y penser. Alors ça ne venait pas de lui. Comme d’habitude, Hadrien avait foiré les choses en beauté et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. Mais Hoyt était une bien meilleure cible.

Plié en deux, son camarade avait empoigné son nez à deux mains. A en croire le craquement presque obscène entendu quelques secondes auparavant et le sang qui maculait ses joues, il allait devoir faire un petit tour à l’infirmerie. « T’es complètement cinglé » grogna-t-il avant de détaler comme un lapin. Hadrien ferma les yeux et inspira profondément. S’il devait établir un classement des journées les plus merdiques, celle-ci ne serait pas loin de la première place. Mais ce n’était que le début des épreuves et ce n’était pas la Divination qui allait le sauver. Après un dernier regard pour le groupe de Poufsouffles sorti juste derrière lui, il fit volte-face et prit la direction des sous-sols.

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Malgré ce qu’il aimait à dire, répéter les mêmes gestes toute la soirée le fatiguait grandement et lorsqu'il sortit du bar pour prendre sa pause, à minuit et demi passé, la tension dans ses épaules lui arracha un grognement. Il ne rêvait plus que de retrouver son lit mais ce n’était pas encore l’heure. Il fallait encore servir quelques heures, écouter les blagues pas très fines des habitués et faire semblant d’écouter les déboires d’Olivia en hochant la tête d’un air grave. Il savait tout ça et si ça lui avait posé un peu problème au début, Hadrien le faisait à présent avec une facilité déconcertante. C’était devenu machinal, autant qu’un banal Lumos. C’était simple, ça présentait peu de risques. Si Achille savait où il avait décidé de se réfugier, il aurait probablement désapprouvé. Peut-être le savait-il déjà, en fait. Il savait toujours tout et il n’aurait pas été étonnant qu’il soit déjà au courant. Peut-être lui laissait-il seulement un peu de temps, un peu d’espace.

De la buée se forma devant lui lorsqu'il lâcha le soupir qu’il avait jusque-là retenu. Après son dernier échec au Ministère, il avait eu besoin de s’évader un peu. Pas à cause de la déception, oh non, mais parce que cette fois, échouer ne lui avait fait ni chaud ni froid. Il avait réalisé en écoutant hurler son supérieur qu’il s’était habitué à l’erreur. Il ne craignait même plus de commettre un impair, il s’était fait à la médiocrité. Achille aurait eu honte de lui s’il le lui avait dit mais là encore, son aîné avait probablement deviné ou si ce n’était pas le cas, il ne tarderait pas à saisir. Hadrien ne l’avait pas revu depuis plusieurs semaines et il se surprenait à chercher son regard dans la foule du bar ou dans la rue, comme s’il espérait que son frère le guide hors de cette merde, une fois encore. Mais il n’avait plus six ans et il ne suffisait plus d’écouter Achille pour mettre un pied devant l’autre. A vingt-trois ans, il était grand temps qu’il se prenne en main. Mais comment était-il sensé s’en sortir seul ? Il avait déjà eu bien du mal à trouver ce job et c’était un miracle s’il ne dormait pas dans la rue mais tout ça était temporaire. Il avait fui ses responsabilités, fui un monde dans lequel il ne se sentait pas vraiment à sa place mais il savait parfaitement qu’il ne pouvait pas continuer indéfiniment. Quitte à revenir dans le monde réel, il préférait le faire de son plein gré.

Derrière lui, la porte s’ouvrit à nouveau, livrant passage à l’un de ses collègues. Trevor peut-être, à moins que ce fut Taylor, il n’était pas certain d’avoir retenu autre chose que la première lettre. Il s’entendait bien avec tout le monde mais il se sentait encore moins à sa place ici, ce qu’il avait mis sur le compte de l’absence de la Magie. C’était ironique quand on savait que c’était la Magie qui l’avait fait fuir au départ. « T’aurais du feu mec ? » lui lança son collègue, la cigarette coincée entre ses lèvres, cherchant désespérément à fermer son manteau. Hadrien attendit d’avoir toute son attention pour lui lancer son briquet, non sans s’être servi avant. Ils tirèrent leur première bouffée en silence et le sorcier en fut reconnaissant. Il aimait le léger craquement caractéristique du tabac qui se consume et il n’y avait qu’au cours des nuits d’hiver, lorsqu'il faisait froid et sec, que nul bruit ne venait le déranger, qu’il parvenait vraiment à entendre ça. C’était idiot et futile mais la première bouffée avait de l’importance à ses yeux. Les yeux fermés, il bloqua sa respiration et leva la tête, caressant du bout des doigts une sérénité qu’il ignorait pouvoir saisir plus d’une fraction de secondes. Naïvement, il espérait, chaque fois, que ça durerait plus longtemps, qu’en cessant de respirer pour quelques secondes supplémentaires, il parviendrait à embrasser vraiment ce calme qu’il recherchait ardemment. Mais comme à chaque fois, il finit par avaler la fumée et la recracha, un instant plus tard, presque à regret. « T’es un peu étrange quand même » commenta Trevor, à ses cotés. Hadrien se tourna vers lui, le sourire de celui qui sait quelque chose que l’autre ignore éclairant son visage fatigué. Oh, si seulement il savait.

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Mal à l’aise, c’était le mot. Tout, absolument tout, le rendait mal à l’aise. De la décoration si élégante à son costume ridiculement serré en passant par les grandes claques dans le dos assénés par ses anciens camarades de Poudlard à leur arrivée, tout le mettait mal à l’aise. Ce n’était pas sensé se passer comme ça, il était sensé être ravi pour sa sœur, heureux même. C’était l’aspect pompeux de ce mariage qui le dérangeait profondément. Il avait beau avoir reçu l’éducation qui allait avec ce genre de réceptions, qu’elle fut moldue ou sorcière, Hadrien n’était pas dans son élément. Merlin merci, il était parvenu à s’éloigner un peu et ce, avec un verre. A vrai dire, il avait eu la vague impression d’avoir à nouveau quinze ans et de chercher à dérober de l’alcool à l’insu de son oncle. Ou plutôt d’avoir encore quinze ans. Les regards sévères de sa tante y était certainement pour quelque chose.

Une petite main tira sur son costume et il baissa les yeux, manquant de renverser ce qui restait de son verre sur le visage inquiet de sa nièce. La pauvre gamine avait certainement échappé à la surveillance d’Achille, lui-même sans doute aux prises avec sa femme. Ce n’était pas la mère de la môme qui allait paniquer en apprenant sa disparition mais mieux valait éviter que son père ne se fasse un mauvais sang. Hadrien connaissait suffisamment bien son frère pour savoir qu’il ne lui faudrait pas longtemps pour s’apercevoir qu’Antigone n’était plus là. « Je veux danser » l’informa-t-elle, d’un ton déterminé qui n’était pas sans rappelé celui de son paternel. L’envie de ricaner fit frémir le jeune homme qui acquiesça sans broncher, comme il l’avait déjà fait de nombreuses fois lorsque son aîné avait décrété qu’il ferait ceci ou cela. Les bras tendus vers lui, elle lui décocha un regard presque impérieux et il la souleva, réprimant le sourire qui lui montait aux lèvres. Mademoiselle voulait danser, elle allait danser. Au moins Aphrodite ne commenterait pas son absence ni son manque d’entrain.

Sa nièce dans les bras, il traversa de nouveau la maison et déposa son verre vide dès que l’occasion se présenta. Son oncle et sa tante échangèrent un regard surpris qui ne lui échappa pas mais Hadrien préféra ranger ça au fond de sa tête. Ce n’était pas le moment de s’attarder sur leur réaction, il savait très ce qu’ils pensaient tous deux. Ses yeux rencontrèrent ceux d’Achille et immédiatement le soulagement inonda les prunelles de son frère lorsque celui-ci aperçut sa fille. La dévotion de son frère pour la gamine étonnait toujours Hadrien mais après tout, la paternité était un autre monde, un univers qu’il n’aurait probablement jamais la chance de connaître. « Si mademoiselle veut bien se donner la peine » fit-il, solennel, en s’inclinant très bas devant Antigone qu’il avait reposé sur le sol. La fillette éclata de rire, franchement amusée mais certainement un peu gênée aussi, comme tous les enfants qui voient un proche se ridiculiser dans l’espoir de les divertir, puis elle prit sa main et se laissa entraîner. Elle refusa, la première fois, de monter sur ses chaussures, préférant imiter sa mère qui, un peu plus loin, avait convaincu son père de rejoindre les danseurs mais elle céda finalement et posa précautionneusement ses petits pieds sur ses mocassins vernis. Brièvement, Hadrien croisa le regard de sa sœur et étonnamment, il n’y lut pas ni pitié, ni agacement mais presque… quoi ? De la fierté ? Il lui adressa un grand sourire avant qu’Antigone n’attire à nouveau son attention en écrasant son talon sur son pied gauche. Peut-être les mariages n’étaient-ils pas tous affreusement gênants, si on faisait abstraction des tentures immondes et des réflexions des uns et des autres.

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La nouvelle était tombée un peu avant midi, lorsque deux aurors, habitués du Chaudron Baveur, avaient quitté précipitamment leur table sans même prendre le temps de payer. Quelque chose de terrible était en train d’arriver et ce n’était pas uniquement parce que ses clients n’avaient pas terminé leur Biéraubeurre qu’Hadrien en était arrivé à cette conclusion. C’était dans l’air, comme un pressentiment terrible qui rampe sur le sol et remonte en flottant, toujours plus haut, toujours plus fort. Ça l’avait pris à la gorge, l’empêchant presque de respirer. Et à midi, les détails macabres de l’attaque dont avaient été victimes les jeunes élèves de Poudlard et leurs familles leur étaient parvenu. Le choc l’avait laissé pantois. L’attentat qui avait pris pour cible le Ministère, un peu plus tôt dans l’année, l’avait déjà ébranlé mais apprendre que de jeunes sorciers avaient cette fois été visés fut une nouvelle difficile à avaler pour Hadrien. Ce n’était que des enfants qui, pour la plupart, ignoraient encore beaucoup du monde dans lequel ils vivaient. Certains, réalisa-t-il alors qu’il reprenait terriblement le travail, n’auraient jamais la chance d’en découvrir plus. Son coeur se serra en même temps que sa main, sur la chope à moitié vide. Il fallait agir, il en était certain à présent. Depuis qu’il avait décroché ce job au Chaudron Baveur, il avait entendu des bruits, des rumeurs sur le Ministère et son manque d’implication, sur d’autres alternatives, plus directes et peut-être plus efficaces. Il avait fait le tri dans tout ce qui lui revenait aux oreilles, avait un temps pesé le pour et le contre, ignorant encore à qui faire confiance. Oh, il ne s’était engagé auprès de personne, n’avait pas donné son avis lorsqu’on le lui demandait mais il savait à présent que l’heure n’était plus aux tergiversations. Sa baguette n’était pas la plus puissante qui soit et il était loin d’être un bon sorcier mais il était prêt à aider, peu importe comment, si on lui offrait l’occasion de le faire. Mais qui croire aujourd'hui ? A qui faire confiance ? Il ne pouvait décemment pas crier sa détermination sur tous les toits, il attendrait le bon moment, la bonne personne... si toutefois ce qu'on racontait sur l'Ordre du Phénix était vrai.

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Demander son avis à sa sœur était une grossière erreur et Hadrien commençait à croire qu’il aurait plutôt dû tenter de se faire confiance pour une fois. Elle l’observait sans rien dire depuis trois bonnes minutes, la tête à peine inclinée, les sourcils froncés, ce qui n’augurait rien de bon. « Tu aurais pu te raser quand même » finit-elle par lâcher, clairement irritée par sa barbe. Le jeune homme leva les yeux au ciel. C’était peut-être la cinquième fois qu’elle abordait le sujet alors qu’elle savait pertinemment que tout ce qu’elle pourrait dire n’y changerait rien. Pour faire bonne mesure, elle attrapa son menton et fit légèrement pivoter son visage, à droite puis à gaucher, avant de pousser un profond soupir. « Mais il est inutile que j’essaie de te convaincre, n’est-ce pas ? » fit-elle, un sourire se jouant au coin des lèvres. De toute manière, pourquoi se raser, lui avait-il rétorqué lorsqu’elle en avait parlé la première fois, alors que Dumbledore portait une barbe trois fois plus longue que la sienne ? Dumbledore. Le directeur. Oh bon sang. Non, il ne réalisait pas et oui il avait pris soin de ne pas vraiment y penser depuis qu’Achille lui avait parlé de ce poste qu’il lui avait trouvé. Depuis sa sortie de Poudlard, Hadrien avait roulé sa bosse un peu partout, obsédé par l’idée de trouver enfin une place qui lui convienne. Pas juste un job ou un appartement, pas juste une place, non, sa place. Et voilà que ses pas le ramenaient à Poudlard, à nouveau. Cette perspective l’avait rempli de joie mais fallait-il encore qu’il soit engagé. Ceci dit, si quelqu’un était capable d’engager un type plus doué en divination que toute autre matière scolaire, c’était bien Dumbledore.